Bouger sans un rond dans l’Hérault

L’atelier « Bien être » à Montpellier

Les habitants de la cité de Montaubérou subissent un isolement géographique doublé d'une absence de mixité culturelle. Cette cité est éloignée de 3,5 km de l'école élémentaire, soit 30 minutes de marche à pied, une situation unique à Montpellier. L'isolement touche principalement les femmes entraînant une absence ou une perte d’autonomie dans la vie quotidienne.

L’association Gammes-Alisé propose toutes les semaines l’atelier « Bien être » à partir des besoins repérés et des envies exprimées par les personnes accueillies. Il a pour objectif global de développer l’autonomie personnelle et sociale des participantes, parmi lesquelles des habitants de la Cité Montaubérou.

Plusieurs Ateliers se sont déroulés autour de la mobilité :

  • • repérage dans l’Espace (découverte des cartes du Monde, de l’Europe, du Languedoc Roussillon et de Montpellier) ;
  • • connaissance de son environnement et repérage des différents modes de transports (cartes existantes permettant la mobilité (TAM, SNCF, Pass Agglo…), repérage des lieux publics et des itinéraires des transports en commun sur une carte de Montpellier (utilisation de supports visuels, d’activités ludiques…) ;
  • • organisation d’une sortie (horaires, réalisation de la carte Pass Agglo, activité ludique : Bowling).

Source : www.alise34.blogspot.fr

Le parallèle avec d'autres actions en France sous le regard de chercheurs :

L’atelier « Bien être » est représentatif d’actions autour de la mobilité menées par des structures d’insertion sociale et professionnelle pour lever les freins à la mobilité en milieu urbain. Bouger pour s’en sortir est un livre collectif fruit d’une recherche-action réalisée en 2003 par des chercheurs et des acteurs associatifs. Cet ouvrage démontre que pour des personnes vivant dans des espaces ou territoires isolés, la mobilité « n’est pas réductible au transport, que c’est un comportement complexe qui suppose un ensemble de compétences préalables… ». Lors de ces ateliers, les participants vont développer et mettre en œuvre, selon leurs besoins, différents mécanismes pour améliorer leur situation sociale et/ou professionnelle.

Cinq mécanismes ou dimensions sont décrites dans l’ouvrage :

  • • s’inscrire dans une relation d’attention à l’autre globale et durable ;
  • • retrouver ses facultés psychomotrices ;
  • • s’approprier, se représenter un territoire (se localiser visuellement par exemple) ;
  • • se repérer dans le temps, maîtriser le rapport au temps, l’agencer ;
  • • l’enhardissement de soi : pouvoir prendre le risque.

Quelle importance des aides à la mobilité ?

La conclusion d’Éric Le Breton dans Bouger pour s’en sortir, souligne que « les aides à la mobilité ne sont pas à la hauteur des enjeux sociaux afférents : (…) Elles ne concernent que peu de personnes (comme le montrent ces films) : nous évaluons à quelques 10 à 20 000 le nombre de personnes en insertion bénéficiant aujourd’hui des aides à la mobilité. (…) C’est peu au regard du million d’allocataires de minima sociaux qui déclarent des empêchements de mobilité, auxquels il faut ajouter une partie au moins des ayants droits ».

Ces actions, si elles sont positives sont « fragiles » : elles sont de courte durée, (généralement deux à trois ans), des éducateurs et travailleurs sociaux qui ne sont pas des professionnels de la mobilité et des partenariats complexes qui nécessitent beaucoup d’énergie au détriment de l’action effective et de sa consolidation.

Sources : Bouger pour s'en sortir Mobilité quotidienne et intégration sociale, Eric Le Breton, édition Armand Colin



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