Bouger sans un rond dans l’Hérault

Bilans des politiques de gratuité des transports publics à Aubagne et ailleurs

Magali Giovannangeli, Présidente de l’Agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile a mis en place la gratuité dans l’agglomération et co-écrit un ouvrage « Voyageurs sans ticket, Liberté, égalité, gratuité, une expérience sociale à Aubagne ».
Apparue dans les années 60 pour des raisons écologiques, la revendication des transports gratuits réapparaît sous un volet social à la fin des années 90. La lutte se réunit d’abord autour d’une pratique collective affichée de déplacements en trains gratuits. Au début du 21e siècle, la fin progressive du pétrole et les menaces sur le réchauffement de la planète rendent cette revendication plus que jamais d’actualité.
La gratuité dans les transports en commun à Aubagne date du 15 mai 2009. 20 villes en France proposent cette gratuité, des agglomérations de moyennes importances. C’est une décision politique qui a été précédée d’un débat, d’un processus de démocratie participative.


Des transports en commun gratuits à Aubagne

Quels résultats ?
Les prévisions estimaient une hausse de la fréquentation de 58 % en 2 ans, ce chiffre a été atteint en 40 jours… et en 1 an +100 % de fréquentation.

  • • 20 % de nouveaux usagers.
  • • 52 % des anciens usagers prennent plus souvent les transports en commun.
  • • 44 % des déplacements pour le travail, 15 % pour les courses, 9 % des démarches, 31 % visites loisirs.
  • • 88 % de très satisfaits, 8 % de satisfaits.
  • • 80 % trouvent les transports en commun plus conviviaux, 84 % les trouvent autant sécurisants.
  • • Diminution de 10 % du trafic automobile.

Quels coûts ?
La mise en œuvre passe nécessairement par l’équilibre des comptes :

  • • Plus de recettes de billetteries (700 000 €)
  • • Des frais en moins : suppression de la billetterie – 200 000 €
  • • Des frais supplémentaires liés à l’augmentation de la fréquentation (+20 %, au-delà d’un certain seuil, besoin de plus de bus, de chauffeurs, d’entretien, …)

Bilan de la gratuité à Aubagne : ça a coûté 1 million d’euros en plus par an, sur un total de 8,3 millions d’euros. Le versement transport (cotisation légale que les agglomérations autorités organisatrices des transports perçoivent auprès des entreprises) est calculé suivant le nombre d’habitants et la nature des transports proposés. Cette cotisation est passé de 0,6 à 1,8 % soit une augmentation de +3,2 millions d’euros . Elle finance l’augmentation du budget liée à la gratuité des transports et les nouveaux investissements comme la nouvelle ligne de tramway.

Un gaspillage d’argent public ?
En 2008 avant la gratuité, la dépense par déplacement était de 3,93 €, elle n’est plus que de 2,04 € fin 2011. Un gain de productivité que n’atteint pas le service marchand…

Pourquoi est-il injuste de faire reposer la charge des transports en commun sur les seuls usagers ?
Le service marchand impose une tarification au nombre de km parcourus. C’est une injustice complète puisque les familles à faibles revenus sont dans les banlieues périphériques et condamnées à des trajets épuisants et coûteux : double peine (changement d’attitude à Paris avec l’idée de la tarification unique pour les différentes zones).
Le discours dominant ne montre qu’un seul et unique bénéficiaire, la personne transportée, a qui il semble donc légitime de faire payer le coût. Pourtant c’est bien par contrainte, par nécessité que l’on effectue les déplacements domicile travail. Les autres bénéficiaires sont les entreprises (tramway aux pieds des grandes surfaces), les employeurs (ouverture du marché du travail, régularité des salariés), les propriétaires immobiliers (plus values immobilières)…
Donc il existe un socle de raisons économiques, sociales, environnementales et politiques assez solides pour justifier la gratuité des transports publics et convaincre les citoyens. Il n’est donc ni logique ni juste de faire reposer la charge financière des transports publics urbains sur les seuls passagers.

Voir aussi pour une revendication des transports collectifs gratuits sur Paris.
Source : metro.samizdat.net/

Autre regard et bilan sur la gratuité des transports publics
Les initiatives de gratuité des transports en commun urbains ne touchent pour l’instant que des agglomérations de moins de 100 000 habitants. Mais toutes ces collectivités considèrent que cette mesure a été un succès, immédiatement plébiscitée par une très forte augmentation de fréquentation… dans les années de mise en place.

Mais :

  • • La fréquentation des transports en commun et les recettes des billetteries étaient faibles (moins de 20 %). La fréquentation n’a fait que rattraper ce qui se pratique dans d’autres villes équivalentes.
  • • Les villes de + de 100 000 habitants qui ont réfléchi à la gratuité ont renoncé : Liège (476 000 habitants), la Communauté d’Agglomérations Orléans Val de Loire (266 000 hab.), l’agglomération de Castellón (166 000 habitants) qui a eu des transports publics urbains gratuits de 1990 à 1997, Bologne (450 000 habitants) qui a pratiquée la gratuité de 1973 à 1977.
  • • D’autres ont privilégié une tarification basse.

Au-delà d’un certain seuil d’habitants, un apport de recettes des clients est indispensable si l’on veut avoir à la fois une qualité de service et une fiscalité acceptables.

Source : Ademe, Axiales : lille.lesverts.fr/IMG/pdf/Bilan_GART_Gratuite_TC.pdf : Gratuité des transports publics urbains et répartition modale : retour sur le rapport final

Gratuité des transports publics urbains et répartition modale : retour sur le rapport final (Ademe, Axiales)
La contribution de la gratuité des transports en commun au rééquilibrage modal (moins de voitures) paraît de l’ordre de 15 à 30 %.
Des politiques de stationnement et de son contrôle, d’accès au centre ville ou non par les voitures, de partage de voirie, sont beaucoup plus probantes et en définitive impactent plus la mobilité que la gratuité des transports en commun.

Source : Ademe, Axiales : lille.lesverts.fr/IMG/pdf/Bilan_GART_Gratuite_TC.pdf : Gratuité des transports publics urbains et répartition modale : retour sur le rapport final

Gratuité des transports publics et élections municipales…
Dans les grandes villes, l’idée de gratuité vient petit à petit en débat, et est nettement apparue durant la campagne des dernières municipales, comme à Toulouse, Nantes ou Nice.

www.rue89.com/marseille/2008/10/29/oser-la-gratuite-des-transports-en-commun-a-marseille



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